Textes autour de l'éveil, la non-dualité, la conscience...
Le créateur et la créature ne sont pas séparés
L’observation, l’observateur et l’observé (extrait de La Joie d'être)
"Regarde ce grâce à quoi tu regardes"
L'ego est un mécanisme, pas une entité
Etre comblé sans condition : le véritable secret de la loi d'attraction
L'ultime destination c'est Maintenant (extrait de La Grande Paix du coeur)
Le flocon et l'eau - parabole de la forme et du sans-forme (extrait de La Grande Paix du coeur)
L'Amour (extrait de La Joie d'être)
Il n'y a rien à faire... ou pas
Le même "je" que tout le monde
La conscience n’est pas voilée
La conscience aime être (extrait de La joie d'être)
L'oeil du coeur
C'est fou comme depuis l'espace du coeur, tout est savoureux.
Nous vivons généralement avec une perception filtrée par le mental qui ne connaît que trois dimensions : longueur, largeur, hauteur. Il y a pourtant en chacun de nous cette dimension, souvent méconnue : la profondeur. Cette dimension se vit quand l'attention part depuis le coeur. Il y a là une profondeur sans limite, un Royaume infini, celui de l'oeil de l'Amour. Et ce n'est pas une métaphore, c'est très concret, cela s'éprouve dans le corps.
Depuis là, tout est si beau ! Toute chose apparaît comme enveloppée de douceur, de lumière, de délicatesse, d'intimité... Il y a ce pétillement, cette saveur de délectation... Comme si tout était une friandise pour l'âme...
La beauté, la vraie, n'est pas ailleurs que dans l'oeil du coeur.
De l'impersonnel...
Jolies surprises en relisant, 22 ans après, l'Art de Rêver de Carlos Castaneda, avec mon regard d'aujourd'hui :
« Lorsque tu fais face à cet inconcevable inconnu, là-bas, dit-il en pointant du doigt tout autour de lui, tu ne perds pas ton temps avec des mensonges minables. Les mensonges minables sont pour ceux qui n'ont jamais eu la moindre idée de ce qui est là-bas, à les attendre.
- Qu'est-ce qui nous attend là-bas, don Juan ? »
Sa réponse, une phrase apparemment inoffensive, fut cependant pour moi plus terrifiante que s'il avait décrit les choses les plus horribles.
« Quelque chose d'absolument impersonnel. »
Je m'étonne et m'amuse – j'avoue – de la réaction de Carlos, et en même temps, cela m'amène une réflexion.
Le terme « impersonnel » est bien mal compris. On y voit quelque chose de froid, détaché, inhumain. Alors peut-être devrait-on plutôt parler de « non personnel » ?
La conscience impersonnelle est tout sauf froide, c'est l'Amour même ! C'est simplement qu'il n'y a pas le filtre de l'importance personnelle. Pas un élément de l'expérience vécue qui soit plus important qu'un autre. Tout est au même niveau « d'importance » ; et par là-même, tout est aimé également d'un amour absolu, sans préférence, sans comparaison, sans échelle de valeur.
C'est amusant, en un sens, que Carlos soit terrifié par l'idée qu'il se fait de ce qui constitue en réalité la seule véritable sécurité intérieure, la fin de toute peur !
En poussant encore ma réflexion, j'en viens à nouveau au constat de l'effroyable erreur de perspective dans laquelle tombent la plupart des chercheurs spirituels : la croyance qu'il faut dissoudre l'ego pour vivre l'éveil. Qu'il faut lâcher le personnel pour connaître l'impersonnel. Que la « personne » doit disparaître. Croyance qui fait tourner le mental en rond dans son bocal : un « moi » qui tout à la fois aspire à sa dissolution et la redoute, et qui tente plein de stratégies pour disparaître et laisser la place au Soi. C'est non seulement impossible – l'ego n'a pas ce pouvoir - mais cela crée une nouvelle division, une profonde fracture intérieure.
Plus ça va, plus j'ai du mal à employer le terme d'éveil et même de Réalisation, car ces mots insinuent qu'il y aurait d'un côté l'éveil, la vraie vie, la vérité, la pure conscience et de l'autre le non-éveil, le rêve, l'illusion, l'ego... Ceci est vrai sans doute jusqu'à un certain point mais cela devient rapidement un écueil... et s'avère faux une fois que l'unité de toutes choses est reconnue.
Tout au plus puis-je parler de connaissance de ma nature profonde et témoigner de son corollaire : le contentement sans condition. Et que cela se vive sur le mode personnel ou sur le mode impersonnel s'avère désormais secondaire.
Mon enfant, ado, disait souvent qu'il était « désolé pas désolé ». De la même manière, je peux dire que l'existence se déroule à présent en mode « personnel pas personnel » ! Quelle respiration, quelle détente dans cette inconcevable liberté de dire un oui joyeux à l'expérience de la limite, portée par la connaissance de ma nature illimitée !
Le créateur et la créature ne sont pas séparés
-> Contexte : texte écrit en avril 2020 pendant la pandémie à coronavirus
Une petite réflexion au sujet de ce texte mis en images qui circule sur les réseaux et qui rencontre beaucoup de succès : "Petit Corona discute avec Papa".
J'entends bien qu'il tente de montrer l'aspect positif de cette pandémie et de cette situation de confinement - et l'idée de ne pas faire de ce virus un ennemi est belle-, mais je ne peux pas adhérer à son contenu moralisateur et culpabilisant.
Ce texte, comme les religions le font depuis des millénaires, véhicule une fausse notion du divin et entretient l'illusion de la séparation, avec ses corollaires le blâme et le mérite... Il désigne un coupable : l'homme et son égoïsme, et un sauveur : le virus, envoyé par Dieu pour rétablir l'équilibre sur Terre et donner une leçon à l'être humain.
Il sépare donc le Créateur de sa Création et perpétue cette perspective selon laquelle il y a les humains auteurs de leurs actes indépendamment de l'ensemble (et pécheurs car imparfaits de surcroît) d'un côté, et la nature et la vie (l'ensemble donc) de l'autre. Tant de souffrance découle de cette perspective !
Le créateur et la créature ne sont pas séparés, tout est Un, une seule et même force de vie prenant des formes infinies pour s'auto-expérimenter... L'être humain est tel que la nature l'a fait, sous tous ses aspects... Il en est une de ses multiples expressions, et en cela il est absolument parfait tel qu'il est. Tout ce qu'un individu humain produit comme acte est le fruit d'un ensemble de conditionnements et d'expériences qu'il n'a pas choisi et dont l'origine remonte au Big-bang (voire même avant ;) ).
Et comme toute autre créature, l'homme est capable d'apprendre qu'en produisant tels actes, cela engendre telles conséquences, et qu'il est possible de faire autrement si ces conséquences sont délétères pour lui ou pour son espèce. Et un petit virus peut être créé dans ce but, pourquoi pas. C'est peut-être même l'intelligence collective humaine elle-même qui l'a créé. Le blâme n'est en aucune manière nécessaire, et ne fait que nourrir encore et toujours la croyance qu'il y a des victimes et des fautifs.
Du point de vue de l'Unité, rien n'est condamnable dans la manifestation, tout n'est qu'expérience, expérimentation, danse des phénomènes...
Quand une colonie de sauterelles dévaste des cultures et engendre la famine de toute une population, on ne juge pas les sauterelles pour leur égoïsme !
Ainsi la Vie, le Divin, la Conscience universelle, Papa... n'a pas davantage de jugement sur l'homme, créature parmi les créatures, expérience parmi les expériences... Son regard est celui de l'Amour, pas du blâme.
Tout est déjà accompli
Octobre 2016.
Réveillée au milieu de la nuit par une révélation. La prise de conscience est si intense qu'elle me tire du sommeil : Tout est déjà écrit ! L'univers entier est déjà accompli, de toute éternité. Pas de début, pas de fin, toute la manifestation est comme un bloc unique indissociable ET infini. A la fois accomplie et infinie. Impossible pour le mental de modéliser cela. Mais je me sens en état de choc et ne me rendors pas avant l'aube.
Je parviens à peu près à comprendre que la conscience, d'une certaine manière, semble comme se promener dans sa création, ce qui donne une sensation de temporalité. Nous faisons toutes les expériences possibles, indéfiniment. En cet instant, en tant qu'âme, j'expérimente un être humain et une époque, et quand j'arriverai à la fin de ce film, j'entrerai dans un autre, n'importe où dans l'espace-temps. Ce peut être dans ce qui semble être le futur (une "nouvelle" vie) ou le passé (une vie "antérieure"), ou encore dans l'une de mes dimensions parallèles, mais aussi dans le présent de cette vie depuis un autre point de focus, comme par exemple mon compagnon, mon enfant, mon chat, ou le faucheux qui tisse paisiblement sa toile au-dessus de ma tête... Cette vision me donne le vertige et je me sens comme soufflée par une explosion, plaquée au mur du déterminisme : chaque être, chaque geste, chaque pensée, émotion ou événement, existe déjà, avant même que nous en soyons conscients. Tous les mondes et toutes les dimensions possibles, co-existent. L'âme, l'observateur, est comme un véhicule de la conscience absolue pour créer l'apparence d'un espace-temps et s'auto-expérimenter de manière fragmentaire.
Le matin, pendant le petit déjeuner, j'expose cette révélation à mon compagnon. Je tente de mettre des mots sur ce qui reste inconcevable pour mon mental et à cette fin je fouille dans ma mémoire pour retrouver une citation de Ramana Maharshi qui parle du déterminisme. A cet instant précis, je reçois un sms d'une amie avec laquelle j'échange autour de la spiritualité de manière ponctuelle depuis quelques années. Cela fait plusieurs mois que nous ne nous sommes pas parlé, et voilà qu'elle m'envoie, sans même y mettre les formes, un texto uniquement constitué précisément de la citation que je suis en train de chercher :
« Ce qui doit arriver arrivera, quels que soient les efforts que nous fassions pour l'éviter. Ce qui ne doit pas arriver n'arrivera pas, quels que soient les efforts que nous fassions pour que cela se produise. » Ramana Maharshi
Je reste stupéfaite, le téléphone à la main ! La confirmation est fulgurante !
Curieusement, passé l'état de choc, un sentiment intense de liberté s'installe. Si tout est déjà accompli, si je ne fais que regarder un film défiler et le vivre en 3D, tout les poids que constituent l'impression d'être auteur des actes se dissolvent, à nouveau... A nouveau s'installe l'évidence que cette impression est à prendre avec une grande légèreté, qu'elle ne sert qu'à donner au jeu, au voyage apparent de la conscience dans sa création, une consistance, une semblance de réalité. Mais quand cette manœuvre se démasque d'elle-même, il ne reste plus qu'à se laisser être vécu par la vie, tout en continuant à en jouer le jeu, assis confortablement dans le fauteuil de l'êtreté.
Nous n'aimons que l'amour
Personne n'a jamais aimé Suyin.
Et Suyin n'a jamais aimé personne.
Bien sûr en apparence j'aime et je suis aimée par mes proches et mes amis.
Mais en réalité nous ne nous aimons pas les uns les autres, nous aimons l'amour que nous ressentons les uns pour les autres.
Si une personne me dit qu'elle m'aime, en réalité elle me dit qu'elle aime l'amour qu'elle ressent à mon contact.
Si je dis à une personne que je l'aime, en réalité je lui dis que j'aime l'amour que je ressens à son contact.
En vérité, c'est l'amour que nous aimons.
Nous sommes amoureux de l'amour, accros à l'amour, nostalgiques de l'amour.
Nous ne cherchons qu'à ressentir l'amour, à éprouver sa densité et tous ses effets secondaires, qu'il émane de l'autre vers soi, de soi vers l'autre ou de soi vers soi.
Quête de reconnaissance, quête amoureuse ou quête spirituelle : même recherche.
Nous n'aimons que l'amour, et c'est tout à fait normal puisque c'est la seule chose qui soit « vraiment vraie pour de vrai » dans ce monde. Et notre cœur le sait.
C'est ce que nous sommes au plus profond de nous, c'est l'essence de la vie... La vie s'aime elle-même, constamment et inconditionnellement. C'est pourquoi dès que nous nous sentons coupés de l'amour, nous souffrons, nous ne nous sentons plus vivants et nous errons à sa recherche comme des âmes en peine.
Nous sommes assoiffés d'amour, car c'est notre seule véritable source d'énergie. Elle est au cœur de chacun de nos atomes et nous pouvons la contacter à tout instant. Soit en nous intériorisant et en revenant au sentiment d'être, au Soi. Soit en pensant à un être que nous aimons et en laissant ce sentiment nous remplir. Soit en ressentant pleinement notre désir d'amour, en en faisant l'expérience sensorielle et en le laissant nous ramener à ce vers quoi il pointe et qui se tient là, juste derrière.
Etre conscient de cela permet d'avoir une profonde gratitude envers les êtres avec lesquels nous tissons des liens intimes, mais sans se méprendre sur ce dont il est réellement question entre nous.
La relation est un amplificateur de l'amour, un magnifique miroir grossissant, mais elle n'est pas la cause, ni la condition, de l'amour.
Si nous sommes bien conscients que la seule chose qui nous intéresse vraiment et qui est le pilier de notre existence, c'est l'amour, nous ne sommes plus dépendants d'une personne en particulier, ni d'une quête, car l'amour est partout et s'invite à s'éprouver d'innombrables façons, à commencer par la plus simple : la joie d'être vivant.
Ce qui n'empêche pas d'être gourmand et de savourer et célébrer les multiples et subtiles couleurs de l'amour qui s'expriment à travers l'unicité de chaque relation, avec soi-même comme avec autrui, dans le jeu divin de la dualité.
Je soupçonne l'amour d'être amoureux de lui-même...
L’observation, l’observateur et l’observé
(extrait de La Joie d'être)
La conscience est de l’énergie intelligente et créatrice. Elle est conscience/énergie. Onde et particule. Perception pure et mouvement.
Elle est mouvement et perception du mouvement.
Manifestation et perception de la manifestation.
Perception et perception de la perception.
Pour s’expérimenter dans son êtreté, la conscience se condense, se densifie. Comme si elle se repliait sur elle-même. Jusqu’à ce qu’apparaisse le mouvement.
C’est comme si dans un océan en trois dimensions, sans limites et parfaitement calme mais vibrant d’êtreté, se produisaient de multiples vaguelettes. A l’infini. Le fait d’être se condense, et en se « sentant » être par le mouvement, la conscience passe de l’état de vacuité à l’état de « Je suis ». Elle n’est pas définie, elle n’est pas quelque chose. Mais la conscience d’elle-même apparaît.
Comme elle est onde et particule, ce « Je suis » prend une forme matérielle. Le monde manifesté est créé. C’est ce que les scientifiques appellent le big-bang. Pour que du sans-forme naissent des formes, il faut que quelqu’un ou quelque chose les perçoive. Il faut un observateur. C’est le rôle du « Je suis ».
C’est la première division de la conscience. Elle devient à la fois observation et observateur.
Dans la nature, les pierres ne sont pas conscientes d’être des pierres, les plantes d’être des plantes, les animaux d’être des animaux. La conscience à travers la nature se goûte en tant que forme et sensation, pas en tant qu’individu défini.
Alors elle se densifie encore, créant une nouvelle division, et apparaît l’humain. A travers lui, elle s’expérimente en tant qu’identité, personne.
Le bien et le mal existent seulement à ce niveau, et sont une résultante de l’illusion de la séparation.
Bien entendu, comme il n’y a pas de temps, tout ceci se produit simultanément. Nous sommes à la fois la conscience impersonnelle, la conscience divine et l’individu. L’observation, l’observateur et l’observé. L’ultime réalité englobe tout cela.
La conscience impersonnelle est la source de ce qui est dans le sens où elle est l’unique vérité, la vérité universelle, que nul ne peut contester, qui est vierge de toute représentation, de toute croyance : il y a quelque chose qui existe. Le fait d’être, le fait « qu’il y a quelque chose » est la seule certitude unanime et absolue.
[...]
La première densification de conscience crée le Soi, le « Je Suis », l’observateur. Il créé son double matériel et peut ainsi se voir dans le miroir de la perception. A travers l’homme, cette alchimie crée la Sainte Trinité, l’expérience existentielle.
L’humain, l’être qui se prend pour un individu et conscientise le monde par la pensée, ne peut pas ne pas exister. L’univers est rempli d’humains. Il est à la fois la condensation de conscience la plus forte, donc la plus éloignée de sa source, et le moyen le plus abouti de la conscience pour se goûter dans son êtreté. Il est celui qui pose la question de l’Etre, qui en fait le constat.
J’ai le sentiment d’avoir remis Dieu à sa place, et j’en ressens un grand soulagement. J’ai découvert Dieu il y a treize ans. J’étais athée auparavant, par mon éducation. L’athéisme, qui me semblait être la triste vérité, me rendait profondément dépressive. Je n’avais aucune joie à parcourir une vie dénuée de sens. Quand j’ai eu la révélation que l’univers était une entité consciente et bienveillante, je me suis identifiée à lui, au Père-Mère créateur, comme à un personnage. J’ai vu que j’étais lui et j’ai cru que c’était ma nature ultime.
Depuis lors, quand je priais Dieu, je lui parlais comme à un être. Non comme à un potentiel. Je croyais parler directement à la source de la conscience. Je me trompais. Je m’adressais à un intermédiaire. Je m’adressais à la dimension « Je suis » de l’univers. A l’observateur, à qui je prêtais une intention, une volonté. Et non à l’océan d’énergie originel au niveau duquel il n’y a pas de « Je », donc aucune volonté particulière, aucun plan, et où tout est possible. Et qui est le véritable Dieu.
"Regarde ce grâce à quoi tu regardes"
N'essayez pas de vous éveiller,
n'essayez pas de lâcher prise
n'essayez pas d'accueillir ce qui est tel que c'est
n'essayez pas d'être Présent
n'essayez pas d'ouvrir votre cœur
C'est un piège, qui ne fait que créer un faux Soi, un éveil construit par le mental.
Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire.
Il y a une seule chose à faire : trouver ce qui est déjà éveillé, ce qui est déjà Présent à ce qui est, accueille déjà tout et aime sans condition d'un amour sans limite.
Où trouver cela?
En remontant à la source de l'attention, en regardant dans la direction de ce qui regarde.
La Réalisation n'est pas le résultat de la transformation d'une personne, c'est juste un changement de perspective.
« Regarde ce grâce à quoi tu regardes.
Si tu vois cela, tu vois tout »
(Istopadesha, l'instruction essentielle - advaïta)
L'ego est un mécanisme, pas une entité
La dissolution de l'identification à une entité aux commandes de sa vie met fin à toute quête, à tout mouvement de fuite vers l'avant, et au désir compulsif de contrôler les situations. Bien sûr, le conditionnement ne disparaît pas pour autant, et des réactions de défense ou de tentative de diriger les choses continuent de se produire. Mais elles ne se cristallisent pas. Elles sont très rapidement conscientisées et regardées avec amusement ou tendresse.
Les multiples aspects du psychisme ont une volonté propre et s'opposent souvent les uns aux autres, formant un système qui est sans cesse en quête d'équilibre. Ces aspects, tour à tour, se font passer pour le « moi », pour le centre de l'organisme corps-mental, afin de tirer à eux la couverture. Un combat se livre en permanence en nous entre diverses instances pour gagner la première place, et ce sont des énergies si puissantes qu'elles attrapent la conscience dans leurs filets. C'est ainsi que le simple sentiment d'être devient ce que l'on appelle « l'ego » et se pare d'attributs, de désirs et de besoins, alors qu'en soi il est la plénitude même. Le pur « Je suis » n'a besoin de rien, il est plein de lui-même. Paradoxalement, plus on lui ajoute quelque chose, plus cela crée un sentiment de manque.
Mais l'ego est un mécanisme, ce n'est pas une entité qui serait au centre du psychisme. Une telle entité n'existe que dans notre imagination. L'individu est un système, un ensemble de parties, une somme de conditionnements. Une fois que ce mécanisme a été vu et compris, il ne peut plus y avoir de lutte contre lui. On ne combat pas un ordinateur. On supprime certains programmes ou bien on effectue des mises à jours, mais on n'essaie pas de le soumettre, de lui faire lâcher prise, de lui faire réaliser qu'il n'est qu'un ordinateur et qu'il n'a pas de pouvoir personnel. Cela n'aurait aucun sens. Il en va de même pour l'ego, le « moi ». Quand sa nature est profondément reconnue comme illusoire, tout combat contre lui s'arrête. Il ne reste que la Vue. Voir est la fonction de la Conscience. Et la Conscience est pur accueil de ce qui est, sans jugement et sans préférence, car sans concept.
Les aspects du psychisme peuvent toujours entrer en action pour tenter de gagner la première place, mais cela ne fonctionne plus. C'est comme un mouvement qui s'élève et qui retombe, penaud. Car il repose sur la croyance en l'existence d'un centre de pilotage, et cette croyance, depuis la Vue, s'effondre. Alors ces instances intérieures sont invitées, avec beaucoup de compassion et de gratitude pour leurs tentatives de prendre soin de l'organisme ou de le protéger, à s'en remettre en confiance à l'Intelligence et à l'Amour infinis de la Vie qui sait parfaitement répondre aux besoins du corps-mental. Dans cette perspective, il est reconnu que c'est en réalité au sein de cette Présence aimante qui Voit, de ce « Je suis » rempli de lui-même, de cette plénitude intrinsèque et sans condition de l'Etre, que se trouvent la satisfaction et la sécurité recherchées par l'ego.
Etre comblé sans condition : le véritable secret de la loi d'attraction
L'être humain est en quête de bonheur, qu'il associe à la satisfaction de ses besoins (besoins affectifs et matériels, besoin de reconnaissance ou de réussite sociale, etc). Projeter la satisfaction à l'extérieur de lui-même le met dans un rapport d'attentes et de demandes envers la vie et envers autrui ainsi que dans une tension perpétuelle pour tenter de contrôler, de maintenir, de manipuler, de gérer son environnement. Mais cela ne fonctionne que très moyennement car l'obtention de ses désirs dépend de circonstances qu'il ne peut pas maîtriser : tout est impermanent dans le monde et rien n'est jamais acquis de manière définitive. De plus, quand un besoin ou un désir est comblé, il goûte un apaisement qui n'est que passager car il ne tarde pas à vouloir à nouveau autre chose. C'est sans fin, car ce qu'il cherche n'est pas dans le monde, mais il ne le sait pas. Il se trouve ainsi dans une situation de dépendance et d'insatisfaction récurrente, d'alternance de plaisir et de souffrance, de bonheur et de malheur.
Il nous est impossible de trouver véritablement le bonheur et la plénitude tant que nous les faisons reposer sur des circonstances. La seule issue pour sortir de ce schéma névrotique auquel notre éducation nous a conditionnés est un changement radical de paradigme : cesser de chercher la satisfaction dans les objets du monde et se tourner vers notre essence, l'Etre, dont la nature est plénitude sans condition et qui, elle, est disponible en permanence.
Ce retournement vers notre véritable nature, ce retour au bien-être naturel que nous sommes fondamentalement, a pour effet de nous rendre autonomes et de nous faire changer de fréquence. S'abreuver à la source de l'Etre comble tous les désirs. Nous cessons alors de vivre dans un rapport de besoin avec le monde. Nous n'essayons plus de contrôler ou de manipuler les situations pour qu'elles soient à notre avantage. Et nous goûtons une paix profonde dans l'accueil de ce qui est.
Alors, bien que cela soit désormais de seconde importance, la loi de résonance fait que les circonstances de la vie deviennent fluides et favorables. Car le monde, en réalité, n'est pas extérieur à nous : le monde dans lequel nous croyons vivre est le miroir de notre esprit.
Voilà le véritable secret de la loi d'attraction : lâcher prise et plénitude sans condition égalent fluidité et abondance sans effort dans la manifestation.
Bien sûr, savoir être comblé sans condition demande un apprentissage, car cela implique une inversion complète de nos habitudes de fonctionnement. Il faut souvent arriver à saturation du schéma plaisir/souffrance pour comprendre que c'est une voie sans issue et commencer à changer de perspective. C'est souvent à bout de souffle, à bout de lutte, quand nous nous trouvons face à un mur infranchissable et que nous n'avons plus d'autre choix que celui de nous arrêter et de nous retourner, que le trésor intérieur se révèle.
Le piège de la recherche
Extrait du livre Témoignages contemporains sur l'éveil, collectif d'auteurs, éditions Espace de l'Etre
" C'était fin février, alors que je faisais un bilan de ces 13 années depuis l'illumination, et que je constatais qu'au fond, rien n'avait vraiment bougé. Même si ma vie était beaucoup plus agréable et confortable qu'avant, j'étais toujours prise dans le piège de l'identification. Ma joie dépendait toujours des circonstances extérieures, des situations, des relations... Je ne vivais toujours pas mon état naturel et je n'étais toujours pas établie dans la véritable sécurité intérieure, celle que rien ne peut ébranler. Ma conscience était encore prisonnière du piège de la dualité, et j'en éprouvais un grand découragement et une lassitude profonde. Je n'en pouvais plus de lutter contre l'ego et le mental. J'atteignais un état critique et je ressentais l'envie de tout arrêter, de quitter ce monde pour retourner au Grand Tout. Mais au fond je ne voulais pas mourir, c'était tout l'inverse : je voulais être libre de l'illusion qui me coupait de la vraie vie.
Pour la première fois peut-être, je ne cherchai pas à fuir ce sentiment et je pris conscience de ma complète impuissante : je n'avais aucun pouvoir, aucun moyen de me libérer. Je réalisai que je ne décidai absolument rien de ce qui me traversait : ni les pensées, ni les émotions, ni les humeurs, ni les états. Les états de plénitude se produisaient et disparaissaient à leur bon gré, quoique je fasse ou ne fasse pas... Devant cette évidence, je m'effondrai. La volonté personnelle capitula, le contrôle lâcha, et... le « je » s'effondra.
Instantanément il fut réalisé que ce « je » supposé avoir un contrôle ou ne pas en avoir, et surtout supposé s'éveiller, n'existait tout simplement pas. C'était un personnage imaginaire. Il n'y avait personne aux commandes de sa vie, au centre de l'organisme. Et il n'y en avait jamais eu. Il n'y avait donc personne qui aurait pu s'éveiller ou se libérer. Il n'y avait que des mécanismes conditionnés qui généraient des pensées et des émotions donnant l'impression d'un personnage central. La seule chose qui était réelle, c'était le fait d'être. Et il n'y avait là rien de personnel. Seulement un flux, une omni-Présence consciente, un vide infini rempli d'êtreté au sein duquel les phénomènes apparaissaient et disparaissaient...
Je compris que depuis 13 ans, j'étais tombée dans le piège du chercheur et de la saisie sur l'éveil. Je me vivais comme si j'étais un individu (l'ego) qui s'était éveillé et qui cherchait à retrouver cet éveil en s'abandonnant, en se dissolvant. Mais aucun individu ne s'était jamais éveillé ! Comment un personnage qui n'existe pas pourrait-il disparaître ? C'est la croyance que l'on est ce personnage qui se dissout, et non le personnage lui-même. Nous n'avons pas besoin de tuer le Père Noël pour cesser d'y croire - et c'est d'ailleurs impossible - mais simplement de réaliser qu'il n'existe pas.
Ce que j'avais tant cherché pendant ces années avait toujours été là. Je n'avais jamais été séparée de ma véritable nature ! Il n'y avait pas à opposer l'ego et la Conscience. L'ego, le moi, c'est la Conscience qui se prend temporairement pour une entité distincte et s'absorbe dans le rêve de la dualité. Je compris que c'était la recherche elle-même qui m'avait empêchée de réaliser ma nature véritable car je vivais dans l'attente d'un état à atteindre, au lieu de simplement mettre mon attention sur ce qui pré-existe à tout état et qui est déjà là, disponible en permanence. "
L'unique réalité
Si nous voulons connaître la vérité, savoir qui nous sommes vraiment, il nous faut trouver ce qui est au-delà de toute représentation, de tout concept, et dont on ne peut absolument pas douter.
Quelle est la seule chose dont nous soyons certains, qui est au-delà des descriptions que l'on nous a faites à propos de nous-mêmes et du monde, qui n'est pas un état ni une expérience, qui est inaltérable, que l'on ne peut pas perdre, que l'on ne peut ni nous donner ni nous prendre, et qui est commune à tous?
C'est le fait d'être.
Le fait d'être est la seule réalité, la seule vérité sur laquelle nous puissions asseoir notre sécurité intérieure.
Tous les phénomènes vont et viennent, toutes les expériences ont un début et une fin (y compris les expériences d'éveil). Rien de tout cela ne peut nous apporter la satisfaction véritable car nous ne pouvons nous appuyer sur aucun état, aucune vision, aucune expérience dès l'instant que ceux-ci ne sont pas permanents.
La seule chose sur laquelle nous pouvons fonder notre sécurité et notre foi est ce qui est permanent et universel : être.
Non pas être quelqu'un avec une identité, ni être éveillé, mais juste être.
En restant avec cela, avec le fait d'être, en oubliant tout le reste et en laissant notre attention se reposer uniquement en cela, nous faisons le constat que le fait d'être est conscience. Le fait d'être se connait lui-même et se reconnait.
Etre, c'est être conscience.
Voilà l'unique réalité.
L'ultime destination c'est Maintenant
(extrait de La Grande Paix du coeur)
L'état d'esprit de la plupart des êtres humains, dans la vie quotidienne, est de tendre vers le futur, vers un futur meilleur. La conscience ordinaire, qui vit dans le temps psychologique, est comme un projectile dirigé vers une cible, vers un but. Cet objectif est d'être heureux, pleinement satisfait.
« ça ira mieux plus tard » : quand j'aurai la compagne ou le compagnon idéal, quand j'aurai plus d'argent, une meilleure santé, plus de temps pour moi, un métier plus valorisant, la reconnaissance sociale, ou bien quand les enfants seront grands, ou quand j'aurai concrétisé tel ou tel rêve, ou encore quand je me réaliserai spirituellement... Quand j'aurai accompli certaines choses, ou quand je serai éveillé, je serai enfin heureux(se)...
Ainsi, chaque instant est vécu dans l'attente de cet accomplissement, dans la tension vers cette destination ultime qui couronnerait le parcours de notre existence. Se projeter vers cette ligne d'arrivée est ce qui donne sens à notre vie et à nos actions.
Mais nous n'atteindrons jamais cette ligne, cette destination. Nous pouvons constater que c'est un leurre, car dès qu'un but est accompli, après un temps de satisfaction, un nouveau se profile. Nous voulons toujours plus, toujours mieux. Et ce « mieux », nous le projetons dans le futur.
La seule ligne d'arrivée que nous atteindrons, c'est la mort, la fin de l'histoire. Et si nous ne stoppons pas cette course perpétuelle vers l'avant, nous mourrons sans avoir connu la véritable satisfaction, sans avoir découvert le but ultime de notre existence.
Notre seule et ultime destination, c'est Maintenant.
Il n'y en a pas d'autre, et il n'y en aura jamais d'autre.
Le goût, la saveur de Maintenant, amène au cœur de l'Etre, de l'expérience existentielle.
Le goût de Maintenant est une plénitude qui ouvre le cœur et dissout le sentiment de séparation. C'est une grâce qui comble toute attente, et qui n'est pas dépendante des circonstances.
Il n'y aura jamais de futur meilleur, car tant que nous ne goûtons pas la saveur de Maintenant, même si les circonstances de notre vie deviennent plus agréables, même si nous réalisons nos rêves les plus beaux, nous continuons à nous sentir insatisfaits et à tendre vers un futur meilleur.
Il n'y a bien sûr rien de mal à chercher à améliorer les circonstances de la vie ni à oeuvrer pour réaliser nos rêves, mais dès que notre conscience épouse l'instant présent, les circonstances deviennent secondaires car nous goûtons une indicible profondeur d'être et nous touchons ce bonheur que nous recherchons.
Lorsque nous réalisons que notre objectif (être pleinement satisfait) revient finalement à jouir d'un état d'être dans lequel il n'y a plus d'attente, donc plus d'objectif, nous comprenons que nous n'arriverons jamais nulle part car nous arpentons un chemin sans destination, et que toute tension vers le futur nous éloigne en fait radicalement de notre but.
Nous pouvons alors stopper la course insensée du temps psychologique pour nous aligner sur le Présent et découvrir qu'il est non seulement notre seul objectif, mais qu'il nous est offert en permanence.
Le voyage de l'immobilité
Voici un rêve très riche de sens :
Je suis chez moi avec une amie, dans le salon. Il se met à pleuvoir très fort, et je regarde par la fenêtre. Je vois alors que le paysage se met à bouger, comme s'il venait vers moi, me donnant l'impression que je suis en mouvement, comme lorsque nous sommes assis dans un train en gare et qu'un autre train démarre à côté de nous (nous avons alors l'impression de bouger et nous pouvons croire que notre train démarre, alors que nous sommes immobiles).
Je fais remarquer ce phénomène à mon amie, qui vient regarder par la fenêtre avec moi. Elle se place un peu devant moi, afin de bien voir le paysage. Je lui dis que c'est l'occasion de s'amuser à faire un petit voyage tout en restant sur place, et je lui propose de laisser sa vision s'absorber dans le mouvement et de faire comme si nous étions dans un véhicule. Je l'entoure de mes bras avec tendresse et lui dis : « c'est parti ! »
Le paysage défile devant nous, d'abord la route, entourée de montagnes et bordée d'arbres agités par une bonne pluie rafraîchissante. C'est très agréable. Je vois une rivière sur notre gauche, je dis à mon amie : « ce serait chouette si le mouvement nous entraînait au-dessus de la rivière, on pourrait alors avoir l'impression d'être sur un bateau. » Et cela se produit, nous voilà au-dessus de la rivière, comme si nous étions en train de la traverser sur un bac. Puis à nouveau la route, puis encore la rivière, et la route... C'est si chouette que nous sommes complètement dans le paysage. Je ressens une grande joie à faire ce petit voyage, je m'amuse comme une gamine.
Cependant, au bout d'un moment, mon amie se retourne vers moi et me dit d'un ton dépité : « ce n'est pas si drôle ton jeu, j'ai les pieds trempés à force de passer sur la rivière, et maintenant je ne sais plus où nous sommes. Comment allons-nous faire pour rentrer à la maison, nous sommes perdues ! »
Je lui réponds alors : « mais non, regarde, nous sommes toujours chez moi, dans le salon, nous n'avons pas bougé. »
Elle s'en rend compte, réalise qu'elle a les pieds parfaitement secs, et se met à rire !
Nous rions ensemble mais du coup cela met fin au jeu, le voyage s'arrête et nous sommes à nouveau dans mon salon, toutes joyeuses de l'aventure que nous venons de vivre.
Ce rêve est une belle métaphore de la Conscience qui demeure en permanence dans l'immobilité sans jamais quitter sa source, tandis que les phénomènes sont en mouvement perpétuel.
Si l'on n'a pas reconnu la qualité immobile et immuable de la Présence consciente que nous sommes, nous avons l'impression que nous sommes en mouvement alors qu'en réalité c'est seulement ce qui apparaît à notre perception qui bouge. L'attention se laisse absorber par l'illusion sensorielle et s'y perd.
Mais ayant reconnu sa nature, la Présence consciente parfaitement immobile en elle-même peut s'amuser dans la manifestation et vivre pleinement et joyeusement l'expérience sensorielle en se prenant au jeu d'un apparent mouvement mais sans s'y perdre, car elle ne se fait plus absorber et a toujours la capacité de ramener l'attention vers sa source.
Le flocon et l'eau - parabole de la forme et du sans-forme
(extrait de La Grande Paix du coeur)
L'analogie avec le flocon de neige permet de bien clarifier les notions de personnel et d'impersonnel, d'individuel et d'universel, de relatif et d'absolu, de forme et de sans-forme.
Un flocon de neige est composé d'eau. Sa nature, son essence, est l'eau. L'eau, en soi, n'a pas de forme particulière, mais elle peut connaître divers états (solide, liquide, gazeuse), et prendre diverses formes (nuages, buée, givre, pluie, neige, glace, lacs ou mer, rivières...). Quelle que soit la forme qu'elle prend, c'est toujours de l'eau. La forme peut se modifier, mais cela ne modifie pas sa nature.
Un flocon de neige est une configuration géométrique de l'eau basée sur l'étoile à 6 branches, et chaque flocon est unique. Il semble qu'il n'en existe pas deux identiques. Cette forme unique et singulière a une durée de vie limitée dans le temps. Le flocon finira par fondre et sa forme disparaîtra. Mais sa nature, l'eau, ne disparaîtra pas. Elle prendra une autre forme. Elle se mêlera à d'autres flocons fondus pour former une flaque, ou bien elle s'évaporera et constituera un nouveau nuage, d'où naîtront peut-être de nouveaux flocons uniques et singuliers.
Nous voyons bien que la forme (l'étoile à six branches) et le sans-forme (l'élément eau), sont une seule et même chose, que l'on nomme flocon de neige. Cependant, nous voyons bien aussi que la forme est unique et temporaire, tandis que le sans-forme qui la compose est universel et intemporel, ne changeant jamais de nature, bien que changeant sans cesse de formes.
Sommes-nous la forme (l'organisme corps-mental unique et singulier), ou le sans-forme qui le compose (l'énergie de vie universelle) ? L'apparence et l'essence ne sont pas séparées, mais si nous sommes identifiés à l'apparence, nous nous trompons sur notre véritable nature. Nous nous croyons singuliers et temporaires (et on appelle cela un individu). L'expérience que nous vivons en tant que forme individuelle est unique et temporaire, mais ce que nous sommes, l'Absolu ou la Conscience impersonnelle, n'est pas limité à cela, et tout comme l'eau, se transforme indéfiniment, passant d'individus en individus, d'expériences en expériences, d'états en états... Sans jamais que sa nature, elle, ne soit modifiée.
La vie se vit d'elle-même
Nous ne soupçonnons pas le poids que pèse l’idée d’avoir une vie à vivre.
Nous ne pouvons en prendre la mesure que dans le sentiment de légèreté et de liberté qui survient lorsque cette croyance disparaît.
Il n’y a pas d’un côté nous, et de l’autre la vie.
Nous sommes la vie, et la vie se vit d'elle-même, sans comment, sans pourquoi, sans saisie.
L'Amour
(extrait de La Joie d'être)
L’Amour est disponible en toute circonstance et pour tous les êtres, sans marchandage, sans exigence, sans notion de mérite ou de récompense.
L’Amour ne demande rien.
L’Amour, cette Lumière en nous, est pure Présence, accueil et soutien inconditionnel de ce qui est vécu.
L’Amour ne juge pas, n’évalue pas, n’a pas de préférences.
S’il y a tristesse, tristesse.
S’il y a colère, colère.
S’il y a détresse, détresse.
S’il y a peur, peur.
S’il y a joie, joie.
Dans la peine, dans la douleur, dans le sentiment d’injustice, dans la victimisation, le ressentiment, la rage, l’angoisse ou le désespoir, l’Amour nous soutient simplement et ne nous demande pas de modifier notre façon de réagir, de ressentir, de penser. L’Amour ne nous demande pas de positiver, d’être fort, d’être courageux, d’avoir confiance, de maîtriser nos émotions, d’être patient, de pardonner, de relever la tête, de nous responsabiliser, de prendre du recul, de ne pas croire aux histoires du mental, d’avoir la Foi, ni même de percevoir sa Présence…
L’Amour est là, simplement, force tranquille qui accueille tout ce qui se vit en nous et nous porte même quand tout s’effondre, giron au sein duquel nous pouvons déposer nos souffrances, expulser nos tourments, pleurer toutes les larmes du monde, nous tenir tout nu dans notre vulnérabilité.
Quand sa Présence est perçue, il apparaît de manière évidente que la Lumière de l’Amour a toujours été et sera toujours là. Pas un instant, même quand les apparences semblent montrer tout le contraire, même quand on se sent complètement perdu ou détruit, l’Amour ne nous quitte. Il est entièrement et inconditionnellement présent et soutenant, en permanence.
Le tour de force de l’Amour, sa magie, c’est qu’en se dévoilant à nous, Il nous permet d’accueillir tout ce qui n’est pas Amour avec sérénité. Sans que rien ne soit forcé, sans le moindre effort mental, l’acceptation se fait. Le recul, le pardon, la confiance, le courage, la Foi… Tout jaillit naturellement de cette Lumière aimante et vient féconder la psyché.
L’Amour ne nous demande pas d’être dans l’Amour ni dans la paix, mais par son essence Il nous y amène - ou plutôt nous y ramène, car c’est de là que nous venons.
L’Amour est l’essence de notre être, ce qui permet que la vie soit.
N’est-ce pas paradoxal, merveilleux et déconcertant, que l’Amour soit ce qui permet à ce tout ce qui n’est pas Amour dans son expression, d’être ?
Je suis
Je suis l'éternel maintenant au sein duquel le temps apparaît
Je suis l'immobilité absolue au sein de laquelle le mouvement apparaît
Je suis l'espace sans forme au sein duquel toute forme apparaît
Je suis le silence inaltérable au sein duquel les sons apparaissent
Je suis l'amour infini au sein duquel la conscience de ce que je suis apparaît
Il n'y a rien à faire... ou pas
Cette question revient souvent chez les chercheurs spirituels :
S’il n’y a pas d’individu aux commandes de l’organisme, si « personne ne fait rien », à quoi cela sert-il de faire des demandes ou des prières, et à quoi bon pratiquer pour s'éveiller ?
Observons ce qui est à l’origine de cette question.
Y-a-il quelqu’un qui pose la question ? Y a-t-il une personne qui a compris qu’il n’y a personne et qui se demande si elle doit continuer ou pas à tendre vers un but, un idéal ? Cette phrase, par son absurdité, contient la réponse.
Evidemment non.
Personne ne se pose cette question.
Cette question est une pensée qui apparaît dans la conscience, produite par une croyance, un mécanisme neuronal.
La croyance que puisqu’il n’y a personne aux commandes, alors il ne faut rien faire car on ne peut rien faire.
C’est une récupération subtile du mental.
Remontons un peu plus loin.
La pensée de faire une demande ou de pratiquer apparaît.
A sa source, un mouvement d’énergie, une vibration, la saveur de la liberté et de la connaissance qui répand son parfum depuis l’absolu et que l’organisme perçoit.
La pensée, miroir du système de croyance, la transforme en quête si cette vibration est filtrée par la croyance « je suis un individu séparé ».
Et s’il s’y rajoute la croyance « il n’y a personne aux commandes de l’organisme », cela donne : « je veux me libérer, ou améliorer ma vie, mais je ne peux rien faire ». Avec pour conséquence un sentiment d'absurdité ou de désespoir.
Pourtant, il est fréquent qu’une demande soit entendue, qu’une question posée à l’univers reçoive une réponse, qu’une guidance soit offerte au cœur qui prie sincèrement, qu’une pratique permette de franchir des caps ou ouvre des portes.
Alors qu’en est-il de l’utilité de la demande ou de la pratique ?
Qui pose la question de cette utilité ? Personne.
S’il est bien compris qu’il n’y a personne à l’origine de cette question, alors toute demande ou désir de réalisation peuvent être accueillis, s’exprimer librement, et attirer ainsi l’attention vers leur source. La conscience répond à la conscience.
Cela se fait naturellement dès qu’il n’y a aucune résistance à ce qui se manifeste.
Il n’y aucun problème avec les demandes ou avec les pratiques, ce ne sont pas des pensées ou des élans volontaires, personnels.
Il n’y a jamais rien de personnel.
L’idée de lâcher toute pratique ou demande ne l’est pas davantage.
Ce sont seulement des mécanismes à l’œuvre.
A l’origine de tout cela, la croyance « je suis un individu séparé ».
Du point de vue impersonnel, aucun problème avec cette croyance non plus. Personne n’en est responsable. Il n'y a personne en réalité qui croit à cette notion, à ce concept de séparation. C’est juste un programme qui a été installé dans le système neuronal de l’organisme.
Il n’y a rien à faire. C’est profondément vrai.
Mais si cela devient une croyance, cela a pour conséquence un blocage de l’énergie créatrice, et du processus d’éveil.
Cela n’a pas à être cru. Cela ne peut être qu'une évidence qui découle de la vision impersonnelle. Et dans cette vision, tout ce qui doit se faire se fait sans volonté, et sans résistance à l’action.
En conséquence, tant que cette évidence n'est pas vécue, inutile de rajouter une souffrance à la quête en se croyant piégé dans un paradoxe. Personne n'est piégé. Il n'y a que des mouvements de vie qui s'expriment, des croyances qui créent des pensées et des états de perception. Respirons, simplement, au coeur de l'apparent paradoxe, et suivons le courant de la vie telle qu'elle s'exprime, sans chercher à comprendre ni à savoir ce qu'il faut faire ou pas...
S'il n'y a pas d'individus...
S'il n'y a pas d'individus, il n'y a pas de sages.
S'il n'y a pas d'individus, il n'y a pas d 'enseignants.
S'il n'y a pas d'individus, il n'y a pas de disciples.
S'il n'y a pas d'individus, il n'y a pas de chercheurs.
S'il n'y a pas d'individus, il n'y a pas d 'éveillés.
S'il n'y a pas d'individus, il n'y a pas de rêveurs.
S'il n'y a pas d'individus, que reste-t-il ?
Des corps qui interagissent - s'échangent des informations-, des cerveaux qui rêvent.
Et la Présence silencieuse, témoin de tout cela.
Les chercheurs, les disciples, les guides, les sages, les éveillés... sont des rêves.
S'il n'y a pas d'individus, il n'y a personne qui écrit ces mots.
Pourtant ils sont écrits. Par un organisme.
Pourtant ils sont lus. Par des organismes.
N'est-ce pas magnifique ?
Des capteurs-émetteurs d'informations qui interagissent...Un foisonnement perpétuel d'informations en circulation dans un océan de perception infini... Des rêves qui se croisent et se co-créent en permanence dans ces interactions...
La vie manifestée est pur échange, communication, interdépendance.
Il n'y a que cela. Il n'y a que de la rencontre, de la connexion, de l'amour... à l'infini
Bénédiction
Savoir que nous sommes, dans chacun de nos actes, des outils de l'intelligence la plus juste, la plus précise, la plus parfaite qui soit... L'intelligence de la Vie... Ce n'est plus un abandon, ce n'est pas de la dévotion, c'est une Bénédiction ! C'est le plus grand honneur qui soit. Et c'est ce que nous sommes à chaque instant.
Nous sommes le plus grand honneur qui soit.
Je suis une intention
Je ne suis pas une personne.
Je suis une intention.
Les événements ne nous arrivent pas parce que nous les provoquons, nous les provoquons parce qu'ils sont déjà en train d'arriver.
Quand on s'active en vue d'un résultat, en réalité c'est le résultat qui nous guide et nous en sommes l'outil.
Nous sommes seulement en train de dire oui au « résultat », qui n'en est pas un car il est une cause et non une conséquence.
L'expérience existentielle
Tout ce que nous vivons et tout ce qui existe dans le monde matériel, n'est que de l'expérience existentielle. La conscience est la matière première de l'univers.
La conscience est dans tout. Elle est dans les êtres vivants et les objets inanimés, elle est dans les atomes, dans chaque particule de matière. Tout est de la conscience. Mais tout n'est pas conscient d'être de la conscience. Voilà un apparent paradoxe.
La conscience pure n'est pas consciente d'elle -même. Pour cela, il faut qu'elle s'observe.
La conscience pure ne s'observe pas elle-même, elle est seulement conscience d'être.
Pas conscience d'être quelque chose, pas conscience d'être Dieu ou l'univers, pas conscience d'être de la conscience. Juste : conscience d'être.
Ce qui anime l'atome est la conscience d'être. Ce qui donne forme à la matière, à l'expression de la conscience d'être, ce qui permet l'expérience existentielle, est l'observateur. Il faut un témoin, avec des sens et un système d'interprétation pour créer une expérience.
Sans observateur, il n'y a qu'un océan infini d'énergie, de frémissement d'être.
L'univers se crée au fur et à mesure que nous le découvrons.
« L'éveil » pourrait être cela: la conscience qui prend conscience d'elle-même. La découverte de notre vraie nature ( la pure conscience d'être) engendre un phénomène unique : la conscience d'être se découvre, se conscientise. L'alchimie de la fusion de la conscience pure avec le témoin donne naissance à la reconnaissance de la conscience en tant que conscience. A travers ce « Je suis cela ! », la conscience prend conscience d'elle-même... La boucle est bouclée... L'expérience existentielle est totale.
D'où bien souvent l'effet extatique qu'engendre le moment où l'on découvre ce que l'on est.
Et l'on découvre que l'on a toujours su que nous étions cela, de la pure conscience, mais que nous n'en étions pas conscients.
Nous n'étions pas conscients que nous le savions déjà.
Encore un paradoxe... Encore un système ingénieux pour créer l'alchimie de la reconnaissance...
Ce qui est magique, c'est qu'il semble qu'il n'y ait aucun « décideur », aucune intelligence créatrice de l'expérience. Le fait d'être engendre, par lui-même, l'expérience existentielle, car elle est simplement inévitable. Il n'y a pas de volonté derrière. C'est juste une sorte de loi, l'essence de l'Etreté. La pure conscience et l'expérience de la matière sont deux faces d'une même pièce. L'intelligence formidable que l'on observe dans la nature n'est pas issue d'un esprit omniscient qui aurait tout prévu pour que sa création fonctionne. Cette intelligence est une conséquence naturelle du fait d'être, c'est la main de l'amour de la conscience pour l'expérience existentielle, qui engendre tout naturellement la perfection de l'expérience.
L'éveil de la conscience à elle-même pourrait bien sembler être le but de la manifestation. Mais c'est là encore un phénomène naturel, sans volonté derrière. Le fait d'être s'expérimente lui-même dans sa profondeur infinie. Il ne peut faire autrement, car c'est ce qu'il est.
Et s'il n'y a pas de limite à cette profondeur, alors il n'y a pas de limite à la réalisation du Soi... Ce ne peut être un état que l'on atteint et qui n'évolue plus. Cela ne peut qu'aller de plus en plus loin dans les subtilités de l'expérience d'être.
Le même "je" que tout le monde
Nous sommes composés de multiples « je », de multiples voix intérieures qui s'expriment par le vocable je. Ces voix sont des mouvements d'énergie qui se manifestent spontanément et se font à chaque fois passer pour « moi ».
Leurs origines sont diverses : les conditionnements psychiques, les instincts, les bactéries, les cellules... Une grande famille plus ou moins unie, formant des grandes chaînes de réactions qui entrent souvent en conflit entre elles...
Mais aucun de ces « je » n'est notre moi, aucun d'entre eux n'est « notre individu ». On pourrait dire que l'individu est la somme de tous ces je, de tous ces mouvements d'énergie qui se manifestent en nous sous forme de pensées ou de sensations. Il n'y a pas là de centre tangible, agissant et décideur. Le moi change en permanence, ce n'est jamais le même d'un instant à l'autre, même si nous avons l'impression qu'il s'agit d'une individualité permanente, immuable et centralisée.
Pourtant, cet esprit immuable et permanent existe bien. Quelque chose en nous ne change jamais. En amont de tous les « je» changeants, derrière tous les faux moi , une conscience perçoit ce qui est vécu à chaque instant et accueille tout de manière égale. Et lorsqu'on la découvre, lorsque l'on rencontre notre vrai moi, on découvre que c'est une conscience impersonnelle... que c'est le même « je » que celui de notre voisin !!
Ironie du sort... A la recherche de moi-même, voilà que j'apprends que je suis le même que tout le monde ! Que je suis le monde !
Selon le voisin, hum... ça peut être un choc !
Un choc absolument fantastique, un coup de foudre divin.
Tous ceux que l'on jugeait, détestait, rejetait, méprisait... on se met à les considérer avec amour...
L'observation
Tu t’assoies en méditation et tu observes tes pensées.
Tu observes toutes les pensées qui passent, y compris celles qui font le constat des pensées qui passent.
Puis, tu observes ce qui perçoit ces pensées.
Tu observes l’observateur.
Et là, tu t’aperçois qu’il n’y a personne qui observe.
Stupeur !
Il n’y a que de l’observation.
L’observateur, c’est le fait d’observer, c’est l’observation elle-même.
Tu t’attendais peut-être à trouver Dieu, une entité consciente cachée derrière les voiles du mental… Et tu découvres qu’il n’y a personne.
Mais il n’y a pas rien.
Il y a l’intensité de l’Etreté, la Présence, la conscience pure.
Il n’y a pas de monde
Le monde que je connais est une possibilité de création.
Aucun être ne perçoit ni n’interprète le monde exactement de la même manière qu’un autre.
Nous vivons tous, tous les êtres vivants, dans un monde différent, unique pour chacun.
Il existe une infinité de mondes, ou plus justement, une infinité de perceptions du monde.
Comment pourrait-il y avoir un monde objectif ?
Notre cerveau est un formidable outil de création de "réalités". C'est à dire de possibilités de manifestation d'un même matériau de base, l'énergie-conscience.
Une même source, un même réservoir d’énergie infinie, à partir de laquelle de multiples formes peuvent émerger selon le filtre d'interprétation sensorielle qui la perçoit, et qu'elle – la conscience - utilise pour percevoir.
La réalité n’existe pas. Tout, absolument tout est relatif.
Depuis cette perspective, comment pourrait-il y avoir de jugement ? Aucun monde n’a plus de valeur qu’un autre, aucun n’est mieux qu’un autre. Chaque monde est simplement une variante de l’infini des possibles, et chacun est un miracle.
Quand la notion de valeur s’écroule, un infini respect pour toute forme de vie et pour toute forme d’expérience la remplace.
La conscience n’est pas voilée
La conscience n’est pas voilée, la connaissance n’est pas cachée, il n’y aucun voile entre nous et elle. C’est ce mythe lui-même qui nous maintient hors de sa portée !
La conscience est la lumière qui éclaire tous les phénomènes que nous vivons. Rien ne la masque à notre perception. C’est juste que nous ne regardons pas dans sa direction. Nous ne regardons pas la source qui illumine les choses, nous regardons les choses. Comme le dit la tradition hindouiste : « Non pas ce que je vois, mais ce par quoi je vois, ceci est Brahman, l’Eternel, non pas ce que les gens adorent ici. »
Rien ne nous empêche pourtant de diriger notre regard vers elle. Il n’est nul besoin de longues pratiques spirituelles ou énergétiques pour cela, nul besoin de nous purifier de pensées, d’émotions ou de conditionnements supposés la dissimuler à notre vision. Nul besoin d’augmenter notre taux vibratoire ou de faire monter notre kundalini. Il suffit de tourner le regard à l'intérieur de nous-même, vers ce qui vit l’expérience qui est en train d’être vécue, ce qui la met en lumière, ce qui l’observe et la constate, à chaque instant et quelle que soit cette expérience.
Tout ce que nous cherchons est là en permanence, à nu, sans protection et sans condition, offert à notre vue.
La conscience aime être
(extrait de La joie d'être)
Derrière chaque chose que nos sens perçoivent, il y a de la conscience.
Il n'y a rien qui ne soit pas de la conscience en amont de la forme.
Et la qualité, le parfum de la conscience, est quelque chose qui ressemble à ce qu'on appelle l'amour.
L'amour d'être.
La conscience aime être.
C'est merveilleux ! L'amour d'être sous-tend tout ce que nous vivons, quelle qu'en soit la forme.
Que ce soit la joie ou la peine, le bonheur ou la souffrance, le plaisir ou la douleur.
Quand nous sommes heureux, l'amour d'être illumine nos cœurs de sa bénédiction.
Quand nous souffrons, l'amour d'être, par son silencieux soutien inconditionnel à la vie, nous aide à traverser l'épreuve.
La conscience aime être, passionnément.
C'est un feu joyeux, serein, vibrant.
Un désir ardent porté par une plénitude totale.
Ah... L'assurance tranquille de l'Eternité !
Tout ce qui est à accomplir l'est, tout ce qui est à vivre est en train d'être vécu. Et dans une perspective linéaire du temps, il en sera toujours ainsi. Pas le moindre sentiment de frustration, de manque, d'impatience.
Le désir ardent d'être est comblé. C'est à la fois jubilatoire et tout à fait naturel.
C'est la condition de l'Etre. La nature de la conscience est jubilation sans début ni fin.
On ne peut jamais être coupé de soi-même
On ne peut jamais être coupé de soi-même, du Soi.
Quelle que soit la perception qui est vécue, l'identification à un individu ou l'éveil à la nature impersonnelle, c'est toujours la même conscience, c'est toujours Soi.
C'est la même conscience, l'Etre, qui change simplement de perspective.
Au niveau le plus densifié, la conscience se prend pour une personne, elle est comme "centralisée", "recroquevillée", et elle perçoit tout en terme de dualité "moi" et "autre". Au niveau le moins densifié, la conscience ne perçoit plus depuis un centre. Elle est la totalité, elle est Ce qui est. Elle se reconnaît dans tout.
La conscience peut naviguer d'un monde à un autre, du manifesté au non-manifesté, de l'ego au divin.
Elle est l'expérience de l'ego, elle est l'expérience du divin, elle est l'expérience du voyage de la perception.
Quand nous sommes identifiés à une personne, nous nous sentons coupés de nous-mêmes, de notre "vraie nature". Mais c'est une illusion, seulement une illusion. Nous sommes notre vraie nature, en permanence, cela ne peut être autrement. Nous sommes notre vraie nature qui se perçoit comme coupée d'elle-même.
Les limites du moi
Le sentiment de moi est défini par les frontières du corps.
Le corps est l'habitacle du moi.
Tout ce qui se passe dans mon corps est "moi", tout ce qui se passe à l'extérieur de mon corps est "autre que moi".
Ce qui signifie qu'il y a d'un côté "moi", défini par les limites spatiales de ce corps, et de l'autre, les milliards de choses et d'êtres vivants de l'univers qui ne sont pas moi, qui sont autres, différentes, étrangères. Un petit condensé de matière est moi. Le reste, l'immensité infinie, tout ce qui compose la vie en dehors de ce corps, n'est pas moi.
Quelle solitude !!
Pas surprenant que ce moi cherche tellement à être reconnu par ce qui est "autre que moi" !
Rien d'étonnant à ce que 90 % des échanges humains se fassent sur le mode :
- Moi, je....
- Et bien, moi, je...
- Ah, ben moi, je...
Le besoin de reconnaissance n'est pas un acte péjorativement nombriliste, mais un acte de survie pour supporter l'insondable sentiment de solitude et d'isolement qui caractérise la sensation de "moi".
La bonne nouvelle, c'est que ce sentiment de moi est une illusion, une création de la pensée.
La science a démontré que dans l'infiniment petit, il n'y a pas de frontière entre le corps et l'espace qui l'entoure. Cette limite, cette frontière qui fissure la perception en deux : "moi" et "non-moi", n'a pas de réalité physique. Elle est un produit de l'esprit. Elle est imaginaire. Elle nous a été inculquée dans la petite enfance. Pas de problème en soi avec cela, mis à part que l'on y croit. On ne nous a pas précisé qu'il s'agissait d'une création psychique. On nous a fait croire que c'était réel, comme le père noël. Et cela, ce mensonge involontaire, nous fait souffrir en nous isolant du reste du monde et en nous coupant de notre vraie nature.
Alors, si cette frontière entre "moi" et "non-moi" n'existe pas réellement, il en résulte que soit "tout est moi", soit "rien n'est moi". Totalité ou Vacuité. Ce qui revient au même. Ou bien il n'y a plus de notion de "soi", ou bien il y a la notion d'un seul et unique Soi. Dans les deux cas, il n'y a plus de sentiment de solitude.
C'est réconfortant.
Quand on sait cela, quand nous sommes au courant qu'il n'y a aucune séparation entre notre corps physique et le monde, même si l'illusion du moi est toujours présente, le sentiment de solitude est moins fort. On ne peut plus vraiment y croire, et la vérité peut être rétablie peu à peu dans notre perception.
Le moi est comme le père Noël
Le moi est comme le père Noël. Il existe, mais il n’est pas réel.
Le père Noël existe dans notre imaginaire, notre culture, notre mythologie. C’est une légende qui fait rêver les enfants, c’est un produit de consommation, c’est un symbole. Il fait partie de nos vies, pourtant il n’y a nulle part un homme nommé Père Noël qui pense, ressent, agit, fabrique et distribue des cadeaux…
Le moi c’est exactement pareil. Le moi, c’est le cerveau qui imagine qu’il est quelqu’un, qu’il pense, ressent, agit, fait des choix, travaille, cherche le bonheur, l’amour, le succès… C’est une histoire inventée par le cerveau.
Qu’est-ce que s’éveiller ? Qui s’éveille ? Ce n’est pas le moi. Ce n’est pas le personnage du rêve qui réalise qu’il est un personnage. Ce serait aussi absurde que de supposer que le père Noël puisse prendre conscience de son irréalité !
L’éveil, c’est le cerveau qui cesse de produire le rêve de l’individualité. Personne ne s’éveille. A un moment, le cerveau cesse d’entretenir la légende de l’individu, et tout simplement ce rêve s’arrête. Le moi, le sentiment d’être quelqu’un, est dissout. Pour un temps, ou définitivement. Que se passe-t-il alors ? L’individu continue d’exister. Tout comme le père Noël, bien que nous ayons découvert vers l’âge de 6 ans qu’il n’est pas réel, continue d’exister dans notre imaginaire.
Il y a toujours des pensées, des émotions, des sensations. La différence, c’est qu’il n’y a plus le sentiment que ces manifestations nous appartiennent, viennent de nous, sont nous. Tout cela arrive, simplement. La grande différence, c’est qu’il n’y a plus le sentiment d’être « autre » que tout ce qui est. Il n’y a plus de séparation.
Rien n’arrive à personne. Les choses sont vécues, sans appropriation personnelle, et sans non plus en rendre responsable autrui, ou la vie. Il n'y a qu'accueil de ce qui est là, dans sa totalité, sans jugement, que cela soit agréable ou non pour la perception.
L’individu ne vit pas dans l’illusion. Le moi n’est pas le personnage d’un rêve. Le moi n’est pas quelqu’un. Le moi est un sentiment, ou plus justement, une façon de percevoir, un mode de perception.
Il n’y a ni rêve ni éveil, juste un positionnement de conscience qui change.